Selon une publication devenue virale sur les réseaux sociaux le 5 Octobre 2022 ‘’une dizaine de terroristes ont trouvé la mort après avoir mis le feu à un fétiche’’ dans la commune rurale de Bilanga, province de Gnagna au Burkina Faso
Selon une information qui circule sur les réseaux sociaux, ‘’une dizaine de terroristes ont trouvé la mort après avoir mis le feu à un fétiche’’ dans la commune rurale de Bilanga, province de Gnagna, région de l’Est, au Burkina Faso.
Les réseaux sociaux Twitter, Facebook et whatsapp ont largement relayé cette information publiée par le quotidien Sidwaya, media de service public au Burkina Faso, dans sa parution du mercredi 5 Octobre 2022 sous la rubrique Kantigui.

Le groupe de presse privée, Omégamédias ( radio et télévision) a repris la même information dans ses éditions du journal parlé du mercredi 5 et jeudi 6 Octobre 2022.
Que s’est-il passé ?
Aux sources de l’information.
Owonews.net a contacté le média Sidwaya qui a publié l’information pour la toute première fois.
Son rédacteur en chef adjoint, Parténéma Omar OUEDRAOGO a confirmé l’authenticité des faits tels que relatés par son média.
Mais il a souhaité ne pas apporter plus de précisions sur le contenu de l’article au risque d’aider à identifier son auteur et à l’exposer à des représailles au regard de la situation sécuritaire tendue dans la localité où il exerce.
En effet, la situation sécuritaire s’est complètement détériorée dans la commune rurale de Bilanga, province de Gnagna dans l’Est du Burkina Faso où les terroristes dictent leurs lois. Rien n’échappe à leur regard.
Dans un tel contexte sécuritaire où même l’accès à la téléphonie mobile est inexistant, nous avons néanmoins réussi, par personne interposée, à rentrer en contact avec un ressortissant de la localité dans laquelle les faits se sont passés.
Ce dernier sous le couvert de l’anonymat nous a relaté que les événements se sont produits dans le hameau de culture appelé Djilsongou situé à 3 km du village de Botou dans la commune rurale de Bilanga.
Selon ses dires, plusieurs terroristes, comme il est de leurs habitudes, sont arrivés dans cet hameau de culture dans la semaine du 26 au 30 septembre 2022 pour faire des prêches.
Mais ce jour-là, dit-il, après la prédication, ils ont mis le feu au fétiche du hameau sous le regard impuissant de certains habitants de Djilsongou.
‘’Pendant que la case du fétiche construite en paille brûlait, ce qui est un sacrilège, certains des auteurs de ce crime sont tombés et morts sur le vif’’ rapporte ce ressortissant de la localité.
‘’Quant aux autres, ils ont été retrouvés morts à quelques kilomètres du lieu de leurs forfaitures’’, nous a-t-il confié.
Comment un fétiche peut-il tuer des terroristes ?
Selon un dignitaire du culte vodoun à Covè, commune de la région d’Angolin au Bénin, rien n’est impossible aux divinités.
Mais il nous a fait comprendre que ce n’est pas parce qu’ils sont des terroristes que le fétiche les a tués.
C’est plutôt, parce que, a-t-il dit, ils ont désacralisé et offensé le fétiche de par leurs actes que la divinité s’est vengée.
Pour lui, toute autre personne même un habitant du hameau en question aurait commis une telle forfaiture qu’il subirait la colère du fétiche.
Il précise qu’un fétiche est un ‘’aziza’’ ( langue locale fon du Bénin qui traduit littéralement en français signifie esprit) et en tant que tel, il opère dans l’invisible et sa puissance provient des incantations et de la façon dont il a été érigé.
Il est convaincu que les fétiches peuvent aider à combattre les terroristes et voici ce qu’il dit à cet effet : « il doit avoir une entente entre les dignitaires du culte vodoun et l’État de telle sorte qu’avant d’envoyer les soldats dans les zones de guerre, ils doivent prendre par nos couvents pour être préparés mystiquement. »
« Je vous assure que les fétiches vont les éclairer et seront à leurs côtés et ils reviendront sains et saufs », foi du dignitaire du culte vodoun de Covè au Bénin.
Nous avons cherché en vain à obtenir du ressortissant de cet hameau de culture des éléments de preuve qui établissent le lien de causalité entre le fétiche brûlé et les terroristes morts.
Toutes nos tentatives allant dans la recherche de preuves auprès d’autres sources aussi n’ont pas abouti.
Qu’en est-il de l’image qui a illustré l’article sur facebook ?

Nos recherches avec Google Reverse Image nous ont permis de vérifier l’antériorité de cette image.
Le résultat est que cette image a été déjà utilisée le 8 novembre 2017 sur le site https://www.africouleur.com/chez-le-feticheur-vaudou-10/ qui est un blog de la boutique Africouleur qui donne des informations sur les créations de mode et de décoration mais aussi sur le travail des artisans et artistes africains avec lesquels Africouleur collabore.
En conclusion: Les faits sont réels mais nous n’avons pas pu avoir de preuves pour établir la causalité entre les deux événements.
Par contre l’image du fétiche qui a illustré l’article sur certains réseaux sociaux n’est pas celle de la divinité présentée comme ayant causé la mort de ces terroristes.