Dans la commune de manga, au secteur 3, villa N°27, lot 07 dans les cités Forces vives, se trouve l’entreprise « Providence Service ».
C’est une unité de transformation des produits forestiers non ligneux.
Les produits forestiers non ligneux sont des produits dérivés de la forêt
Il s’agit par exemple du miel, du karité, du néré, du liane, du baobab, du raisin sauvage, du detarium , des balanites…
C’est à base de ces produits que « Providence Service » fabrique une variété de boissons naturelles sans additifs et des coquettes de sésame et des mangues séchées.
Le cocktail gingembre, le jus baobab, le jus raisin, le vin bissap, liane Weda, le détarium qui portent la marque ‘’Providence Service’’ se laissent boire sans modération lors des grandes manifestations au Burkina Faso.
La preuve en est que lors des : « Salon international de l’artisanat de ouagadougou » (SIAO), « Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou ( FESPACO), ‘’AFRICALLIA’’, et les : ‘’NUIT DE MÉRITE’’, ce sont les boissons de « Providence service » qui sont servies aux invités.
Tous ces produits sont certifiés par ABNORM (Agence Burkinabé de Normalisation, de la Métrologie et de la Qualité) et deviennent la référence.

L’entreprise dispose des points de vente à Fada, kaya, Koudougou, Ouagadougou, Ouahigouya etc…
Mais qui est derrière cette unité de transformation ?
Découvrons Mme Sanou/ Ouédraogo Assanata, la promotrice de « Providence Service »
A la découverte
Mariée et mère de famille, elle est étudiante en 3ème année de licence Agronomie et Développement Durable à l’Institut privé africain moderne ( IPAM-BF, filiale du groupe UPAM)
Mais avant, elle était déjà entrepreneure.
Sans complexe, elle faisait des jus qu’elle vendait dans les lycées et les écoles primaires de Manga.
Elle se souvient que ces débuts furent très difficiles.
Avec la gorge nouée, elle explique qu’elle a perdu très tôt ses parents et qu’il lui fallait donc faire face aux incertitudes de la vie, se débrouiller pour espérer gagner un boulot.

Malheureusement, comme si le destin était contre elle, Assanata échoua à son baccalauréat.
Elle quitta le lycée et devant elle, c’est désormais le boulevard de l’oisiveté et des vices.
Mais en « jeune fille consciencieuse » dit-elle, « j’ai décidé d’apprendre à faire les jus auprès de l’entreprise Teegawende. » afin de joindre les deux bouts.
Plus tard, elle a suivi des formations en transformation dans certaines entreprises telles que ASAPH, UMAO-SARL.. dans le but de créer sa propre unité de transformation.
Là aussi. C’est de la désolation. Les moyens financiers ont fait défaut.
Cependant, elle a trouvé un palliatif : « N’ayant pas les moyens pour commencer, j’étais à la maison et je faisais les jus en sachets que je vendais dans les lycées et écoles primaires. »
Quand le PPEJ est le déclic !
2018. Le déclic ! « J’ai postulé pour le financement du Programme promotion de l’entrepreneuriat des jeunes ( PPEJ) » informe-t-elle
La bonne nouvelle est qu’elle a été retenue à la pré-sélection au niveau de sa région et par la suite : « j’ai été lauréate classée 3ème au plan national et j’ai bénéficié d’un accompagnement financier » se réjouit-elle.
C’est avec ce financement qu’elle a formalisé son entreprise et s’est trouvé un siège.

Avec le PPEJ, elle a bénéficié de plusieurs formations en entrepreneuriat, en éducation financière etc…
Toute chose qui lui a permis de mettre « Providence service » sur orbite
Aujourd’hui, elle vit sa passion qui est de produire les produits locaux issus de la transformation locale.
L’objectif, selon elle, est de réduire, d’une part, les pertes des fruits et des légumes non transformés qui pourrissent après les récoltes
Et d’autre part, de créer une activité génératrice de revenus pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
En 2019, avant la covid, la promotrice de « Providence Service » employait 17 personnes dont 15 femmes et 2 hommes tous des jeunes.
Mais avec l’arrivée de la Covid et au regard de la situation sécuritaire, « j’emploie 7 personnes dont 4 permanents et 3 temporaires »
Son savoir-faire fait d’elle lauréate de plusieurs prix.
Il n’empêche que la qualité des produits est toujours la même.

Et que les populations consomment « nos produits en grande quantité lors des événements sociaux ( mariage, baptême, anniversaire et à l’occasion des cérémonies scolaires ( Conférence, soutenance, cantines scolaires, clôture de saison) déclare-t-elle.
En 2020, Plan International et l’ADIJR ( Association pour le développement et l’intégration de la jeunesse rurale) lui ont décerné le prix : « Entrepreneur Modèle en 2020 à la nuit de l’excellence des jeunes entrepreneurs du Centre- Sud, 3ème édition.
En 2021, elle a été lauréate du « Prix de l’excellence dans l’économie informelle » organisé par le ministre de la jeunesse et de la promotion de l’entrepreneuriat et de l’Emploi
En 2022, elle a été désignée « Meilleure entrepreneure 2022 des Awards des Jeunes Entrepreneurs catégorie agroalimentaire/production et transformation »
Mais elle ne veut pas s’arrêter en si bon chemin.
Elle vise le sommet et affiche des ambitions.

Les difficultés
Les difficultés qu’elle rencontre sont de plusieurs ordres :
Il y a la question des emballages : « le Burkina ne produit pas de bouteilles, il faut importer, mais le coût du transport fait que les emballages coûtent très chères » déplore Mme Sanou/ Ouédraogo Assanata
A cela, elle ajoute des difficultés de formation.
Elle fait cas d’une multitude de fruits dont son entreprise ignore la procédure de transformation parce que son personnel n’a pas toute la compétence.
C’est pourquoi, elle plaide pour la formation continue en entreprise.
Autre difficulté : Son unité de transformation est encore à la production artisanale, ce qui fait qu’elle n’arrive pas à satisfaire la clientèle.

Elle envisage donc de passer à la production semi-industrielle voire industrielle .
Telle est en tout cas son ambition dans le but de ne pas décevoir ses clients.
C’est pourquoi, elle dit avoir besoin de moyens financiers.
« Je demande que l’Etat fixe un taux acceptable (3%) dans les institutions financières pour permettre d’octroyer des crédits rentables aux jeunes entreprises » suggère la promotrice de « Providence service »
Contre toute attente et en dépit de ses charges d’entrepreneure, elle s’est lancée comme défi de reprendre les études.
Cette année, elle fait la 3ème année de licence Agronomie et Développement Durable à l’IPAM-BF.
Comme quoi, « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. »
Raphael Aspavati Nounagnon