Mme DISSA/ PARE L. Rosine est ingénieure agronome de formation et responsable de l’entreprise Lawali sise au secteur 29 de Bobo Dioulasso.
Son entreprise intervient dans la transformation des produits agricoles plus précisément, la transformation du fonio, du maïs, du petit mil, et du riz.
Elle nous explique dans cette interview, comment elle en est arrivée à l’entrepreneuriat et la nécessité de promouvoir l’agroalimentaire au Burkina Faso.
Bonjour ! Vous êtes la promotrice de Lawali, une unité de transformation agroalimentaire. Comment en êtes-vous arrivée à l’entrepreneuriat ?
Au début, j’ai créé l’entreprise pour venir en aide à une sœur afin de lui permettre de se prendre en charge financièrement.
Par la suite, je me suis rendue compte que cette dernière n’était pas trop intéressée par la transformation.
J’ai récupéré l’activité pour en faire une propriété privée.
Mais au fur et à mesure que je transformais, j’ai développé un sentiment inexplicable qui m’a permis par la suite d’acquérir des équipements à travers les fonds personnels pour en faire une unité.
Lawali a démarré ses activités avec deux personnes en 2019 et, aujourd’hui, nous sommes à 11 personnes dont 8 permanentes et 3 temporaires.
A long terme, nous envisageons trouver un local et installer l’unité respectant toutes normes.
Quelles sont les raisons qui vous ont amenée à faire le choix de l’agroalimentaire ?
Avec l’explosion démographique des centres urbains, les changements de modes de vie, les occupations diverses et le manque de temps, les ménages ont tendance à abandonner les anciennes méthodes de préparation des repas.
Cela les contraints à chercher les produits céréaliers prêts à la cuisson sans toutefois perdre leurs habitudes alimentaires.
Ainsi, le manque des produits céréaliers de qualité les oblige à se tourner vers les produits similaires importés qui n’ont pas le même goût naturel que nos produits agricoles.
A cela s’est ajouté leur rareté ou leur manque sur le marché une fois que l’on s’habitue.
Il fallait trouver une alternative pour disponibiliser, à tout moment et même valoriser nos propres produits issus de la production de nos braves producteurs.

C’est ainsi qu’en 2019, l’idée de création d’une unité de transformation fut concrétisée.
Cette unité crée des revenus pour les associées, offre de l’emploi aux femmes, valorise nos produits agricoles locaux et également crée de la richesse.
Elle apporte, en un mot, une valeur ajoutée et développe le climat des affaires avec nos producteurs.
Alors décrivez-nous brièvement, le matériel qui vous permet de faire de la transformation des produits ?
Cette unité est équipée de (moulin à grain, décortiqueuse de fonio, décortiqueuse de maïs, soudeuse, balance électronique, tables de séchage, fûts et un lot de petits matériels) qui servent à la transformation des produits.
Avec cet équipement, combien de fois, produisez- vous par semaine ?
L’unité produit tous les jours en fonction du marché.
Comment avez-vous organisé votre circuit de distribution et de vente ?

Lawali met sur le marché le fonio précuit et non précuit, les grumeaux de bouillie et de dèguè de petit mil, le couscous de riz, le concassé de maïs et la farine de maïs pour des besoins nutritionnels des ménages.
La vente de ces différents produits se fait au détail, par commande et par l’intermédiaire des alimentations.
Je peux citer les alimentations NANAN & FRERES, HAMZA, ADAMS, CAP FASO et ESPOIRàBobo Dioulasso ; DOUBACIN, le MOUHOUNà Dédougou, SONDOGO à Koudougou età Ouagadougou dans l’alimentation de la station totale de Gounghin, DA AOUA de Ouaga 2000 et de l’espace FLEX à la ZAD.
Qu’en est-il de la stratégie commerciale ou le markéting autour de vos produits ?
La stratégie mise en place pour l’écoulement de nos produits est basée sur la vente en détail, la livraison sur commande et la vente au niveau des alimentations.
Le retour sur l’offre est prometteur car de cinq alimentations et supermarchés en 2019, nos produits sont distribués de nos jours dans plus d’une quinzaine d’alimentations et supermarchés à travers le territoire national.
En dehors de cela, une page Facebook a été créée et compte 1800 abonnés à travers lesquels la vente se fait également.
Donnez-nous quelques prix auxquels les clients peuvent acheter vos produits…

Les prix de vente vont de 700 à 1400 FCFA pour les emballages de ½ et 1 Kg pour le fonio précuit et non précuit, les grumeaux de bouillie et de dèguè de petit mil, le couscous de riz, le concassé de maïs et 700 FCFA pour le Kg et de 4000 FCFA pour les emballages de 5kg de la farine.
Avez- vous déjà participé à des foires et expositions ?
Non ! Nous n’avons pas eu la change de participer à des foires et des expositions
Avez-vous bénéficié de l’accompagnement de la direction générale de la promotion de l’entrepreneuriat et de l’autonomisation des jeunes ( DGPEAJ)
Non ! Nous n’avons pas encore eu cette opportunité.
Il y a des difficultés inhérentes à toute entreprise. Quelles sont celles qui sont liées à votre unité de transformation ?
Les difficulté actuelles sont que l’unité n’est pas équipée de séchoir en gaz, ni d’une humidimètre et ne dispose pas de propre parcelle.
L’acquisition des nouveaux équipements (séchoir à gaz l’humidimètre) et un terrain nous permettra de:
- travailler à temps plein et réduire considérablement les pertes liées à la pourriture pour raison de séchage
- l’utilisation du séchoir à gaz en lieu et place de l’utilisation du séchoir solaire qui montre ses limites surtout en saison pluvieuse ou l’unité peut rester sans activité pendant 3 à 5 jours.
- l’utilisation de l’humidimètre qui permettra de mettra fin à la détérioration des produits causée par l’humidité
L’acquisition des équipements demandés (séchoir à gaz et l’humidimètre) pourra contribuer à accroitre le chiffre d’affaires, à créer au moins 02 nouveaux emplois et consolider les emplois existants.
Ces nouveaux équipements permettront également de satisfaire la demande et s’ouvrir à de nouveaux marchés.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

J’encourage fortement les jeunes diplômés d’entreprendre car l’Etat à lui seul ne peut pas embaucher tout le monde.
J’interpelle tous ceux qui sont dans l’entreprenariat à ne pas baisser les bras et de persévérer dans leur projet.
Avez-vous un appel à lancer?
Je lance un appel à toutes les bonnes volontés, l’Etat, les Ong, les projets et programmes de promouvoir les produits locaux et de limiter les importations.
A cela, il faut faire confiance aux produits Lawali et lancer des commandes pour les cantines scolaires car nos produits sont de qualité.
Interview réalisée en ligne par Raphael Aspavati Nounagnon